Les ordonnances du Docteur Socrates Digressions amoureuses sur le jeu de football et autres remèdes universels
En ce lundi matin 23 avril, le FC Sion se retrouve sans entraîneur. Et même si la rumeur semble vouloir expliquer la démission de Laurent Roussey par de tenaces querelles de vestiaire, il apparaît évident que le technicien français ne supportait plus l’impasse juridique dans laquelle le club s’était empêtré. Coach exemplaire et victorieux, Laurent Roussey a jeté l’éponge, dégoûté par une situation qui a annihilé tous ses succès de la saison (2e place en Super League, qualification en Europa League) et sans cesse remis en cause les certitudes glanées sur le terrain de jeu.
Face à ce méchant coup d’arrêt, je me dis qu’il est peut-être temps de jeter un regard global sur une saga qui allonge nos journées et occupe nos nuits depuis presque dix mois. Après un petit passage au rayon archives, il me semble que le FC Sion a commis deux erreurs lourdes de conséquences. Je vous les livre à la manière d'un juriste; stigmate de mes trop longues heures passées en leur charmante mais très rationnelle compagnie.
PRÉAMBULE: Lors de son expédition au Caire en février 2008, Christian Constantin a tenté un pari flirtant avec les lois du mercato (pratique élevée au rang de dogme par l'ensemble de la profession). Tant sportivement que financièrement, on peut raisonnablement dire aujourd'hui qu'il l'a perdu. A-t-il commis une erreur? Oui. Celle de rentrer du Caire sans document écrit. Est-il le seul coupable? Impossible de répondre puisque la question de la responsabilité des dirigeants égyptiens et les raisons de leur brutal changement de position n'ont jamais fait l'objet d'une investigation fouillée.
ERREUR No 1 Avant d'enchaîner les "grands coups juridiques", le FC Sion a commis une faute d'appréciation et de goût. Celle de limiter sa première action devant le TAS à l'appréciation d'un vice de forme de la FIFA: la fameuse confusion Olympique des Alpes SA vs FC Sion Association. Cette tactique assez mesquine a eu pour effets de 1. Vexer ad eternam la FIFA. 2. Empêcher un vrai jugement au fond sur l'attitude des parties lors du transfert d'El Hadary (voir préambule) qui aurait peut-être évité que la situation s'envenime de la sorte.
ERREUR No 2. En réaction aux 36 points que lui a retirés l'ASF le 30 décembre dernier, le club valaisan (ou plutôt Christian Constantin tout seul) a décidé de saisir la justice bernoise mais de se passer du recours au TAS. L’erreur de trop. En effet, une action devant le Tribunal arbitral du sport présentait alors au moins trois avantages (elle pouvait tout à fait se combiner à l'action devant la justice civile).
Premièrement, l'action au TAS était quasi gagnée d'avance tant la décision de l'ASF - non statutaire et imposée sous la contrainte - relève de l'arbitraire pur (retrait de points non acquis, mélange de compétitions).
Deuxièmement, si le TAS donnait tout de même raison à l'ASF, le FC Sion aurait obtenu sur la place publique une preuve grossière de l'indépendance douteuse du Tribunal de Béthusy. En somme, cette sanction surréaliste représentait l'occasion rêvée pour le FC Sion de tordre le cou (ou de prouver) la théorie du complot à laquelle il s'accroche tant.
Enfin troisièmement, un arbitrage intermédiaire qui aurait vu le TAS réduire la sanction à 12 points mais lui ajouter les 13 points en jeu dans les actions menées par Lucerne, Thoune et le LS, aurait débouché sur un gain de points - certes modeste - dans la course au maintien aujourd’hui si compromise par le réveil du Lausanne-Sport.
Deux erreurs en quatre ans, c’est finalement peu. Mais lorsqu’on veut défier une autorité plénipotentiaire, il convient d’être parfait. Sion le paie aujourd’hui avec un beau gâchis sportif qu'une victoire juridique - tout à fait probable - dans deux ou trois ans ne viendrait pas réparer.
In : les deux erreurs de CC : Mathieu Aeschmann,
http://socrates.bleublog.lematin.ch/
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