Je serais curieux que les plus anciens me donnent leur avis à ce sujet.
J’ai l’impression que la tendance a changé depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, le spectateur est presque plus un consommateur qu'un supporter. Il s’attend à une contre-prestation à la hauteur de son investissement, plus que le nombre de personnes qui se rendent encore au stade pour pousser leur équipe. Le rapport est beaucoup plus détaché, beaucoup moins passionné. Y a pas ce côté fanatique qui crée l’euphorie dans la victoire. Même avec les 3 points, une bonne partie du public peut être déçue si l’équipe n’a pas montré du spectacle. On la juge un peu comme on jugerait une troupe de théâtre. Y a pas de soutien indéfectible et passionné. On est au contraire tellement rationnel et détaché qu’on n’hésite pas à comparer le travail des joueurs à celui d’employés de bureau (ce qui à mon sens est complètement absurde). J’ai pas le souvenir d’avoir entendu ça une seule fois 15 ans en arrière.
Si ça se trouve, ça a peut-être toujours été comme ça, mais je voyais les choses autrement quand j’étais enfant. Je serais curieux que les plus anciens me donnent leur avis. Mais y a quand même certains éléments objectifs qui à mon avis ne trompent pas. Surtout l’ambiance des finales de Coupe. Lors de la dernière finale, j’avais fait la remarque à tout le monde autour de moi et beaucoup de monde ici avait fait le même constat, on avait le sentiment avant le coup d’envoi que le public n’y était pas. En forçant un peu le trait, ce public me faisait un peu penser à un public qui se serait rendu voir Expo 02 en famille. On n’a pas ressenti la folie et ce petit côté irrationnel qui avaient fait le charme des précédentes finales. A Tourbillon, on n’a plus de mecs qui viennent avec leur cadre photo avant tous les matches, avec leurs 6 cloches sur le dos, qui viennent supporter le club depuis l'Allemagne ou qui ouvrent le coffre de leur voiture pour partager l’apéro à leurs voisins de parking. Bientôt, il n'y aura peut-être même plus de tente à raclettes
Il me semble que tout est devenu un peu moins fou, un peu plus normé. Même si je le regrette, c’est pas une critique, car chacun a le droit de vivre le match comme il l’entend. C’est juste une certaine évolution, sûre mais discrète. Un peu comme le fait de renommer des stades au nom de sponsor. Au départ, c’était considéré comme une injure à l’histoire d'un club. Mais sans qu’on s’en rende compte vraiment, avec les années, c’est devenu la normalité.