Mais plutôt que de parler de vache, revenons plutôt à nos moutons : le FC Sion. Cette longue introduction pour dire qu'en filigrane de l'article du jour dans le Nouvelliste, Crettaz laisse entendre qu'à ses yeux, il en est fait du Valais de notre enfance - un Valais jouant le mythe de la montagne et fort de 40 ans d'enrichissement qui a fini par complètement le transformer- ce même Valais que nous aimons tant encensé et ressortir de son chapeau dans les lignes mêmes de ce forum. "Le Paradis est mort" nous dit Crettaz. Selon lui, la culture folklorique n'est plus qu'amené à être invoqué comme fond de commerce à l'intention du tourisme (et indirectement peut-être dans la ritualisation et la vente d'un produit comme le FC Sion), mais la vrai culture qui a déjà supplanté celle de notre enfance (pour les quarantenaires de l'assistance) est celle d'un Valais pluraliste et métissé. La vache devrait faire sa révolution viticole - à comprendre dans le sens où la vigne est sorti de son ancienne logique de produire du chasselat en masse pour se spécialiser dans des vieux cépages élevés au rang de spécialités dont tout un public avide adule ses qualités dans une attitude qui si elle "bricole" sur le registre historique et folklorique des vieux temps (les vieux cépages, les appellations "vielles vignes", spécialité du terroir d'antan), n'en reste pas moins ultra moderne et complètement ancré dans l'air du temps) - mais paradoxalement, nous dit donc encore Crettaz le mythe identitaire du Valais archaïque va s'éteindre (phrase que je souligne car elle a à mes yeux une grande importance).
Dans les 20 prochaines années, le Valais risque de devenir de plus en plus urbains et "lémanique", tels sont les conclusions du sociologue. Nos montagnes seront en partie un Disneyland pour touristes hivernaux (en recherche de fun, de faux chalets de montagnes, de sapins verts, de shopping de montagne, de snowpark, de bains et spas), et en partie un Disneyland vert (un parc naturel rendu à la nature, avec des loups et tout le trlalala nécessaire aux gens des villes (que le Valais va devenir) pour goûter au sentiment transcendent de la nature. La vigne sera un marché pour bobos éclairés en consommation de bons pinards (que la plupart d'entre eux aura appris à déguster à travers des cours et séminaire qui vont leur inculquer la juste manière d'en parler (et même de tenir son verre). La vache doit elle faire aussi sa révolution (elle est déjà en bonne phase avec le gain d'intérêt croissant qu'elle occupe dans les médias (dont le NF). Elle ressemblera certainement en partie aux chevaux de course entretenu par de riches propriétaires qui mettront de moins en moins la main dans le fumier.
La question du jour ? Le FC Sion va-t-il survivre à tout cela et comment ? Les mauvais résultats et la gestion qui laisse à désirer de ses capitaux culturel, sportif et financier par le roi d'Octodure trompent peut-être notre possible lecture, mais tous les signe sont présents en cette année de crise pour laisser présager de la fin du mythe. (Mais les légendes ne meurent jamais vraiment). Tourbillon est méchamment en train de se transformer en Praille ou Pontaise. Sur la pelouse, il ne semble plus y avoir grand chose de l'esprit archaïque du Valais d'antan. Les métissages et le pluralisme ont semble-t-il transformé le club en ce qu'il est réellement, un petit club de périphérie sans âme. A ceux qui rêvent de grandeur rappelons leur que Sion ne compte que 30'000 habitants et le Valais 230'000. Sans ce supplément d'âme et de fierté qui a fait tout dans l'histoire de ce club, dans un contexte de mondialisation totale, le FC Sion ne fait pas le poids. Il est un petit d'Europe condamné à n'être que ce qu'il est devenu : un club qui n'attire que des seconds couteaux européens ou Africains (ou Australien), là pour mettre un premier pas dans le marché du football européen. Et encore, dans le cadre de la crise actuelle, il semblerait que le club peine à remplir ce rôle (en gros, les joueurs veulent partir au plus vite de ce merdier bien médiocre). Bref, c'est la crise, tout le monde le voit bien.
Quel avenir pour le FC Sion dans ce contexte de mondialisation, d'urbanisation, de post-modernisation, de fin du mythe d'Heidi, de métissage ? Le FC Sion va-t-il faire sa révolution de la vigne en se bricolant une identité nouvelle basée sur les valeurs mythologiques qui ont fait son histoire ? Autrement dit, le FC Sion va-t-il réussir à se moderniser en devenant valaisan avec des ambitions modérés ou alors se standardiser définitivement en devenant un médiocre d'Europe avec des ambitions démesurés ? Je ne suis évidemment pas neutre en écrivant ses lignes... Ma critique est toute transparente. Il faut croire qu'après une semaine de vacances je commence à m'ennuyer suffisamment pour prendre plaisir à écrire une tartine pareillement démesurée ? Par simple plaisir d'envoyer un pavé dans la mare. Et vous, vous y croyez encore à une forme de résurrection du FC Sion ? Moi j'y crois toujours. Certes, ce ne sera plus la production massive de fendant de grand-papa, mais un FC Sion petite cuvée "Maître de Chai", je crois toujours qu'en Valais il y a le potentiel populaire et affectif pour le faire ! Mais le maître Constantin va devoir réviser sa culture "Coca-Cola" pour cela. Ou alors, le tout se fera sans lui ! Et si le risque que l'on finisse par n'être plus qu'un club de talus à la manière d'un FC Chênois existait aussi !
Quelle place pour le FC Sion dans l'avenir avec un grand A... difficile à dire
