Sylvio Bernasconi : «Le problème, c’est l’équipe»
By ehelms
Created 03/01/2010 - 22:19
Footballfootball
Super League
Neuchâtel
Et un, et deux, et trois, et quatre... et dix matches sans victoire: en chute libre, NE Xamax n'a plus gagné depuis exactement 150 jours. Alors que le club neuchâtelois carburait à la fort respectable moyenne de 2 points par match jusqu'au début octobre, le voici qui «avance» au rythme lénifiant de 0,4 point par sortie. C'est grave, président?
Sylvio Bernasconi, 10 matches sans victoire, c'est long...
C'est même catastrophique. En termes d'image, c'est nul. On véhicule tout sauf une image de sérénité. On est en train de fusiller tout le bon travail effectué en début de championnat.
Comment vivez-vous cette période?
Forcément mal. Avec tout ce que je donne, c'est dur à encaisser. Je me retrouve en plein dans ce que je ne voulais plus vivre. On est plus proches de la 8e place que de l'Europe. J'en ai marre de devoir me battre contre la relégation. (...) Mais ne venez pas me parler de Brown et de Gavranovic! Compte tenu des renforts, on devrait au contraire être meilleurs. De toute manière, on perdait aussi avec eux. Le mal était déjà là. Aujourd'hui, il y a des choses à changer. A un moment donné, ce n'est plus une question de chance ou d'arbitrage.
C'est une question de quoi alors?
D'incapacité de se battre à onze, tous ensemble, peut-être... L'équipe ne suit pas. Dès qu'elle prend un but, c'est terminé. Oui, le problème, c'est l'équipe. En jouant de la sorte, je suis convaincu que l'on perdrait aussi contre les deux derniers.
Après la défaite contre Saint-Gall, Pierre-André Schürmann a passé un savon à ses joueurs. Et vous, à qui allez-vous passez un savon?
En tout cas pas à mon coach. Je suis là pour l'aider, pas pour l'enfoncer. Avec son staff, il effectue un boulot remarquable. Mieux, il ne peut pas faire. Que l'on se comprenne bien, Schürmann n'est pas visé et ne le sera jamais. Je ne changerai pas d'entraîneur, quitte à descendre en Challenge League avec lui.
Lui avez-vous renouvelé votre confiance?
Oui, pas plus tard que ce matin (ndlr: hier matin). Oh, je sais ce qui se dit après ce type de déclaration, que le type dégage généralement dans les quinze jours, etc. Dans mon cas, il n'y aura rien de cela. Schürmann ne sera pas débarqué, quoi qu'il puisse se produire. J'en ai profité pour lui faire part de mes impressions de président. La solution, c'est à lui de la trouver.
Si l'entraîneur n'est pas visé, qui l'est?
Les joueurs déjà plus... Ils n'arrêtent pas de me réclamer des primes et quand l'occasion leur est offerte d'en toucher, on ne les voit plus. Leur comportement m'échappe totalement. Apparemment, certains se croient plus forts qu'ils ne le sont en réalité. Alors si je dois changer quelque chose, ce sera d'équipe cette fois-ci.
Avez-vous parlé aux présumés «coupables»?
Non, pas encore, j'étais trop énervé. J'ai souhaité prendre du recul. Mais je parlerai aux joueurs avant le match de dimanche contre YB...
Les «rouge et noir» dans le rouge
Il y a les hommes. Et il y a les chiffres, qui disent tout du parcours des hommes. Prenons les chiffres de Xamax, à répartir en deux périodes bien distinctes:
Entre les 1re et 12e journées, le club de la Maladière signe sept victoires (dont 5 d'affilée), obtient 3 matches nuls contre deux défaites. Son bilan chiffré est excellent: 12 matches/24 points, soit une moyenne de 2 points par sortie. Le 3 octobre, NE Xamax pointe alors à une deuxième place méritée.
Entre les 13e et 22e rondes, NE Xamax fait un dangereux surplace d'abord, puis recule inexorablement. Ses dix dernières sorties se soldent par une série négative de six défaites et quatre nuls. Son bilan devient désastreux: Xamax tombe à la moyenne de 0,4 point par match. Depuis dimanche, l'équipe a rétrogradé au 6e rang. De fait, elle est plus proche de la 7e place si l'on songe que GC compte trois matches de moins que les très «rouge et noir»...
--------------------------------------------------------------------------------
5 raisons d’un plongeon
Pas de leader
A la Maladière, les joueurs, excepté Ferro, ont trop tendance à fuir leurs responsabilités et à accepter, résignés, leur triste sort. Il ne se trouve personne pour secouer le cocotier; personne, dans le vestiaire, pour rameuter les troupes. Chacun se limite à son horizon personnel et à défendre ses propres intérêts. Mais pour ce qui est du bien collectif… Binya se comporte certes en patron naturel. Mais il est trop souvent soit blessé, soit suspendu!
Pas de buteur
Xamax n’a marqué que 2 misérables buts lors de ses 6 derniers matches. L’ultime réussite inscrite par un attaquant neuchâtelois remonte au 9 novembre et avait été l’œuvre de Brown à Bâle. Depuis le départ groupé des deux buteurs (Brown et Gavranovic), c’est le grand désert offensif. Au moment où le banni Rossi traîne son spleen en 2e ligue inter, Kuljic attend toujours de trouver le chemin des filets. Et l’on souhaite déjà bonne chance à Gérard Gohou Bi…
Pas d’état d’esprit
C’est peut-être le plus grave. Sur le terrain, il n’y a plus rien de ce qui faisait la force de Xamax voici quatre mois. Le caractère qui animait le groupe a disparu. Tout comme ont disparu les vertus de la solidarité. Au lieu de se révolter, l’équipe subit les événements. Schürmann saura-t-il trouver les mots pour lui insuffler une rage de vaincre que l’on cherche en vain? Aujourd’hui, la chance de Xamax se situe du côté d’Aarau et de Bellinzone, qui n’avancent pas. Mais demain?
Pas d’idées
Le système existe, ce qui n’empêche pas chaque joueur d’y chercher toujours sa place. En termes de créativité et de construction, c’est le calme plat. Il n’y a ni idée ni envie. L’apport des latéraux est insuffisant, alors que la défense centrale patauge. Le milieu, lui, souffre de l’absence prolongée de Niasse. De là à justifier une telle indigence
dans ce qui est «proposé»...
Pas de public
Il n’y a pas que l’équipe qui semble avoir démissionné… Pas dupe, le public, lui aussi, ne suit plus. Pour suivre Edjenguele et Nuzzolo (à dr.), ils n’étaient que 3450 spectateurs avant-hier, soit la plus mauvaise affluence de la saison. Le 3 octobre, pour la venue de ce même Saint-Gall, on avait joué à guichets fermés (11 997 spectateurs) à l’occasion d’une opération «plein stade» couronnée de succès. Le dernier…