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Ça date du 21 février...
Christian Constantin, en grande forme, répond du tac-au-tac à nos questions. Tout le monde y passe: Muñoz, Serey Die, Darragi et, surtout, cet incapable de plumitif qui ferait mieux de causer patinage.
Bloody Monday: Franchement Christian, tu lui as donné combien à Philippe Montandon pour qu’il te débloque le match avec son magnifique auto-goal contre Saint-Gall?
Christian Constantin: Ecoute, si tu veux, le journaliste qui pose cette question-là souffre d’un manque de visibilité et de connaissance du football. Il devrait peut-être changer de sport et choisir un truc comme le patinage artistique, où les juges ont le ralenti avant de distribuer les notes. Parce que si tu avais bien regardé l’action, tu aurais vu que N’Djeng joue très bien le coup en laissant passer le ballon sur le centre, ce qui met Montandon dans une position inconfortable, où il ne sait plus quoi faire.
Deux matches/3 points, le président du FC Sion se satisfait-il de ce premier bilan?
Le journaliste qui veut faire un bilan après deux matches est trop impatient et il ignore que le championnat n’est pas joué après deux matches sur dix-huit. On a perdu à Bâle, avec une manière qui n’était pas satisfaisante du tout, et puis on a obtenu une victoire très difficile contre Saint-Gall, qui s’était imposé 3-0 à Tourbillon au 1er tour. C’est tout ce que je peux te dire.
Tu as quand même une impression sur les premiers pas de ton nouvel entraîneur Victor Muñoz, un sentiment sur la sauce qui prend ou pas…
On n’a pas encore commencé à faire la cuisine. On a joué les 12% du 2e tour. Là, on vient d’ouvrir la bouteille d’huile et la bouteille de vinaigre, on a à peine sorti les ingrédients. Alors je ne peux pas te parler de la sauce.
Au niveau foot, d’accord. Mais quel est le contact avec le coach, comment sens-tu la dynamique avec l’équipe?
Ecoute, les contacts sont cordiaux.
Pendant ce temps-là, Bâle et GC carburent à plein pot. Cela t’inquiète-t-il?
Bâle nous a battus et GC a fait le plein de points. Mais dès dimanche prochain, je peux t’assurer qu’une des deux équipes au moins aura perdu des points, c’est obligé puisqu’elles jouent l’une contre l’autre.
Et voir Serey Die s’épanouir aussi vite avec le FC Bâle, ça t’agace, ça t’inspire des regrets?
L’épanouissement que tu vois, je vais te dire… Il a pas mal joué contre nous et le match d’après, à Lausanne, il n’était pas convoqué. Serey c’est un bon, hein. Mais ce que je vois, moi, c’est qu’il a fait 50% des matches de Super League avec Bâle. C’est la question d’un journaliste qui n’a pas préparé ses fiches, qui est encore en apprentissage.
On pensait aussi au remarquable match qu’il a livré contre Dniepropetrovsk en Europa League… Mais revenons à Sion. Si tu ne gagnes pas à Thoune, tu fais sauter Muñoz?
C’est la question d’un journaliste qui ignore qu’un match commence à 0-0, et qu’il y a 90 minutes à jouer. Tu connais assez le football pour savoir qu’un match de foot commence à 0-0?
Euh, oui, mais on sait aussi qu’en cas de défaite du FC Sion, l’entraîneur peut sauter…
Il y a un match à jouer, il commencera à 0-0 et entre le début et la fin, il y aura 90 minutes.
Oussama Darragi, il va les jouer ces 90 minutes?
On verra, il est à la disposition de l’entraîneur.
Tu lui as adjoint l’ex-karatéka Olivier Knupfer. Est-ce à dire qu’Oussama Darragi, international tunisien, a besoin d’un tuteur dans la vie?
Je vais te dire, par expérience… Toi, tu es un journaliste régional, tu n’es pas confronté aux mêmes problèmes que ceux d’un président qui gère un club aux composantes internationales. Dans mon effectif, j’ai quatre Valaisans, formés au club, ce qui constitue une identité. Avec des gens comme Vanczak ou Vanins, j’ai la culture des pays un peu de l’ex-URSS. Après, j’ai un entraîneur espagnol, avec un esprit un peu conquistador. J’ai la mentalité des Brésiliens et des Portugais, encore une mentalité différente. J’ai la culture italienne avec Gattuso, le directeur sportif et le staff. Déjà en Suisse, entre les Tessinois, les Alémaniques et les Romands… Après, j’ai la culture africaine, avec Yoda et N’Djeng, j’ai la culture anglo-saxonne avec Lafferty. Et après, j’ai la culture arabe avec Darragi. Toutes ces identités sont forcément différentes, elles n’ont pas les mêmes repères, les mêmes besoins et là, c’est la première réponse sérieuse que je te fais. Je t’ai parlé des cultures mais en plus, je ne te parle pas des religions… Et après, il y a le président.
Et lui, c’est quoi sa culture?
Il doit être cosmopolite. Le ballon, d’accord, il est rond partout, à Stockholm comme à Tombouctou. Mais pour intégrer toutes ces cultures différentes, il faut parfois un accompagnement, pour Darragi comme pour d’autres joueurs. Il s’agit juste de donner un appui à des garçons qui peuvent en avoir besoin.
Oussama Darragi, tout le monde est d’accord pour dire qu’il a du talent. Mais beaucoup commencent à se demander s’il s’imposera un jour en Valais. Quel est ton degré d’optimisme à son sujet?
Ecoute, Darragi a les caractéristiques techniques pour être un grand joueur. Maintenant, il doit prendre conscience des exigences qu’implique le football de haut niveau, que ce soit sur le plan tactique, physique, du coeur qu’il faut mettre à l’ouvrage. Mais je reste optimiste. Parce que Darragi, il a un truc que ni toi ni moi on a: c’est un talent extraordinaire. T’as vu l’autre soir, ce qu’il a fait en un quart d’heure? Il a réussi des trucs géniaux avec le ballon.