Ils vont faire péter la treizième!
Ce Lausanne-Sion n’accoucha finalement rien que de très normal: il a consacré la génie intuitif de Christian Constantin, grand prince de la gestion humaine et maître incontesté de la Coupe de Suisse.
D’abord, il y a ce décor inimitable: la Pontaise un 27 février, coup d’envoi 20h30 s’il vous plaît merci la télé, comme ça on va à coup sûr se geler ce qu’il nous restera de coucougnettes… Hé ben figurez-vous qu’on a été déçus. Pas de bise noire, la température ne sous-passait pas tant le 0 pointé. Presque chaud, du coup, sous les six couches prévues, couverture comprise. Lausanne-Sion, on imaginait une âpre bataille entre des Vaudois désireux de se relever et puis Sion qui venait de connaître, comment dire, Sion qui une fois de plus, enfin, bref, Sion. En somme, et c’est le cas de le dire, on avait peut-être surestimé l’événement. Dans les barquettes en plastoche, la frite est grassouillette. Sur le terrain bien dur, rien de bien grandiose finalement.
C’était quand même un p***** de quart de finale de Coupe de Suisse, ce Lausanne-Sion, bordel, avec l’un des présidents les plus sévèrement burnés au monde, qui n’avait pas manqué de faire passer le gracieux message à ses joueurs, ouvrez les guillemets avec des gants blancs: «Démerdez-vous.» C’était écrit en une du «Matin». Les gars maintenant, c’est pied au cul, nez dans le caca, souquez ferme et la galère a intérêt à vite sentir la rose. La méthode Constantin.
Un coup de Tina Turner et ça repart!
Un bordel monstre pendant la semaine, un grand coup de sac, un pari un peu fou mais diablement mobilisateur, c’est le coup de la Coupe, un montage video avec du Tina Turner triomphal, allez les gars on va la chercher cette treizième; et c’est assez génial parce que ça marche. Les veaux les plus mornes se muent en guerriers féroces dont l’existence entière est consacrée à la sainte trinité: camaraderie, testostérone et succès. Toujours est-il que mercredi soir à la Pontaise, le revenant Vilmos Vanczak, qui récupérait sa place pour l’occasion, a scellé le sort du match dès la 29e (tête sur coup-franc, un classique). N’Djeng a pu inscrire le 2-0 sur un penalty gag à la 94e.
Vanczak, latéral droit dont certains – à commencer par lui-même – pensent qu’il serait meilleur au centre, a dit son goût de revanche, «un peu oui, on peut dire ça», une revanche pour lui qui fut évincé sans que personne à part Victor Muñoz ne sache pourquoi. Vanczak sur le banc? Sacrilège à Tourbillon. Exit l’Espingouin, prié d’aller pendant ce temps visionner l’alléchant Wil-Zurich – ce qu’il n’a pas fait sur conseil de son avocat, s’affichant au contraire ostensiblement à l’entrée du Stade olympique avant la rencontre. Mais revenons à Vanczak car le Hongrois a dit ensuite que l’équipe avait bien besoin de ça, que le président avait eu bien raison d’agir comme il avait agi. En fait, dans le milieu, ils ne sont que deux à avoir toujours raison: le toto-mat et lui.
Christian Constantin, puisqu’on en parle, s’est montré moins volubile et fleuri que plein d’autres fois. Comme si son appétit était, pour un temps tout du moins mais combien, rassasié. Il faut quand même que l’homme se repose parfois… Alors il s’est contenté de dire aux micros que Sion était en demi-finale, que ses joueurs avaient montré une belle réaction sur un terrain toujours plus difficile au fil des minutes. Sion, un état d’esprit retrouvé; reste à savoir dans quel état se retrouveront – ou pas – les esprits dimanche en championnat à Zurich. D’ailleurs, avec qui sur le banc? Y aura-t-il dans les prochaines heures, les prochains jours, un vrai entraîneur en poste? Qui sera le prochain incapable potentiel en chef?
Un défilé de pongistes manchots peut-il motiver un footballeur?
Qui qu’il soit, sa mission sera claire: faire péter une treizième étoile au drapeau en ce printemps euphorique qui s’annonce. Partant du principe irréfutable que les Valaisans ne perdent jamais en finale de Coupe, il leur suffira de battre Bâle à Tourbillon, lors de la demi-finale du 17 avril…
Pour les Lausannois, suivis mercredi soir par 4000 personnes dont un millier de Valaisans peut-être, pas trop de su-sucre à l’horizon tout bouché. Laurent Roussey, un sentiment? «Déçu, déçu, déçu, déçu», comme répétait Alain Chabat dans «Gazon Maudit», peu après avoir découvert une camionneuse dans le pieu de sa douce. Et, sinon, il était comment Laurent Roussey? Quand même un peu déçu, l’entraîneur lausannois. Par l’élimination, par la tournure des événements, par ce but encaissé, par cette latte de Malonga et par les lacunes actuelles qui plombent un peu son équipe. On verra dimanche contre GC…
Question à deux balles: et si Jean-Fançois Collet lançait un fil à son homologue Christian Constantin, pour lui demander conseil, histoire de galvaniser le motivateur qui rugit en lui? Ce serait du gagnant-gagnant, car Tintin aurait tout intérêt à ce que Grasshopper ripe sur le LS. Un défilé de pongistes manchots, par exemple, pourrait-il motiver des footballeurs à retrouver le chemin des filets ou l’envie de s’accrocher?
Source:
Bloody Monday
Ce gars est capable de tellement les tourner en bourrique, qu'eux-même ne sauront plus lequel est Philipp et lequel est David.
