Le Matin:
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Paolo Tramezzani, une victoire au milieu des champs
Sion a battu Servette samedi à Champvent (1-0, penalty de Moussa Konaté). Reportage dans le Nord vaudois.
Il a commencé par grogner un peu, Paolo Tramezzani, en débarquant à Champvent, à quelques kilomètres d'Yverdon en direction de Baulmes. «Il a sauté du car directement sur la pelouse et il a commencé à se plaindre de la taille du terrain. Je lui ai vite répondu qu'il avait les dimensions officielles: 100 sur 64. Peut-être qu'il a été trompé par l'absence de tribunes», a souri Claude Meylan, président du club local. Après avoir grillé une cigarette caché derrière les containers juste à côté du verger du voisin, l'entraîneur du FC Sion s'est calmé et a pu mettre en place son équipe pour affronter Servette.
Car oui, c'est là, en plein coeur du Nord vaudois sur un terrain de campagne, que son équipe allait devoir affronter les Genevois en ce 1er juillet. Pourquoi à Champvent, d'ailleurs? «En fait, Sion nous devait un match», continue Claude Meylan. Il y a deux ans, le club valaisan avait fait faux bond quasiment au dernier moment alors que tout était prévu et réglé. «Ils venaient de gagner la Coupe et avaient recommencé leur préparation un peu plus tard. Du coup, le match initialement prévu était tombé à l'eau», enchaîne le président. Il a donc fallu patienter, mais le club valaisan a fini par honorer sa «dette» et a ainsi fait le déplacement ce samedi à l'ombre de l'imposant Château de Champvent. séparé du terrain par quelques champs de blé.
Sally Sarr et Moussa Konaté avaient des choses à se dire
Les 350 spectateurs présents se sont assez vite sentis en sécurité, la rivalité entre Sion et Servette n'ayant motivé aucun ultra à faire le déplacement, en tout cas de manière visible. Deux enfants avec le drapeau valaisan d'un côté, une poignée de Grenat derrière une banderole siglée «Maroons» (les fans alémaniques du SFC) de l'autre, voilà pour le décorum côté supporters. Ambiance sympathique et apaisée au possible, donc, même si le ton est monté d'un cran sur le terrain avec l'entrée de Moussa Konaté à la pause. Le Sénégalais n'était pas d'excellente humeur, comme en a témoigné son échange très musclé avec Sally Sarr, le nouveau défenseur de Servette. Les deux hommes se sont expliqués très vigoureusement à la 53e minute, ayant visiblement de vieux comptes à régler.
Très nerveux, Moussa Konaté a cependant gardé son sang-froid pour inscrire le seul but de la rencontre à la 64e, transformant imparablement le penalty consécutif à une faute largement évitable de... Sally Sarr dans les seize mètres. De quoi redonner le sourire à l'attaquant, mais pas pour longtemps, au vu de ses réclamations envers l'arbitre et ses coéquipiers jusqu'à la fin du match. La bonne nouvelle, c'est qu'il n'a clairement pas pris ce match à la légère, même en entrant seulement à la mi-temps. Il a d'ailleurs passé beaucoup de temps après la partie avec le tout jeune Aimery Pinga, son collègue de l'attaque en deuxième période, pour lui donner quelques conseils d'ancien sur son placement et ses déplacements. Bref, Moussa Konaté a envie de s'investir et le montre, même s'il ne respire clairement pas la sérénité.
Anton Mitryushkin sauve le FC Sion
Pour son deuxième match à la tête du FC Sion, Paolo Tramezzani avait décidé de reconduire ce 3-5-2 qui devrait être sa marque de fabrique cette saison. Il y a eu de bonnes choses, mais il y en a aussi eu de carrément mauvaises, surtout en première période. Sion a en effet pris l'eau à plusieurs reprises, perforé sur ses flancs par l'activité et la vitesse de Steven Lang. L'ailier servettien s'est amusé à de nombreuses reprises et il a fallu un très grand Anton Mitryushkin pour éviter que Sion ne regagne les vestiaires avec un ou deux buts de retard à la pause. Il y a du temps pour travailler encore, bien sûr, mais Christian Constantin, qui a assisté au match depuis le secteur VIP situé au dessus de la buvette (position très privilégiée), n'a sans doute pas trop apprécié les quarante-cinq premières minutes.
Meho Kodro et les changements pas tout à fait illimités
Cela a été un peu mieux après la pause, même si Servette aurait sans doute mérité mieux que cette défaite 1-0. Les deux équipes se sont retrouvées après le match à la buvette pour un repas en commun, une preuve de plus (s'il en fallait vraiment...) que la rivalité des années 80 ou 90 est définitivement enterrée.
Le SFC, globalement, a des raisons d'être satisfait de son match. Meho Kodro a cependant commencé par montrer quelques signes d'incompréhension envers l'arbitre qui ne voulait pas l'autoriser à faire entrer un joueur déjà sorti. «C'est un match amical, non?», s'est interrogé le Bosnien. «Verboten», lui a répondu l'arbitre central, avant d'accéder finalement à sa requête. «Mais on devra le rapporter noir sur blanc», a dit l'arbitre-assistant, provoquant l'incompréhension du banc grenat, qui était persuadé que les changements étaient illimités, y compris pour un joueur déjà sorti.
Mis à part cette péripétie, Meho Kodro avait de quoi être satisfait. Son équipe a bien joué et a simplement manqué d'efficacité en phase offensive. Au rayon des satisfactions, citons Steven Lang, on l'a dit, mais aussi la belle prestation défensive globale. Sion s'est créé peu d'occasions et le mérite en revient principalement au bloc défensif grenat, Liassine Cadamuro et Christopher Mfuyi méritant une mention spéciale. Un mot sur Sébastien Wüthrich pour finir? Il n'est pas encore en forme et cela se voit. Aligné d'entrée, il a peiné à être trouvé et est sorti assez tôt, fatigué. Pas de quoi s'inquiéter évidemment: ces matches de préparation sont là pour ça. Pour Servette comme pour Sion.