tifti a écrit :coach a écrit : ascéptisé de cette manière le football n'est finallement qu'un spectacle vide de substance et fort médiocre.
Tout à fait d'accord.
Lorsqu'en plus on voit même certains joueurs (je me souviens par exemple d'un interview de S. Barberis) comparer le football au théâtre (surtout un footballeur...

) ça me fait doucement rigoler...
Qu'on laisse au football sa seule et unique raison d'être: la ferveur des masses populaires!
Je peux comprendre ta remarque sur le théâtre. Il est vrai qu'aujourd'hui le théâtre est un lieu asceptisé où le silence est d'ordre et où l'on s'ennuie relativement facilement. Comment dès lors, un fan de football plein d'énergie pourrait le comparer à son sport ? Impossible, j'en conviens,
Cependant, la remarque de S. Barberis n'est pas si fausse. Même si ce dernier a sans doute lancer cette phrase de manière fort naïve, il est vrai que ce que j'ai nommé dans mon post précédent
le football de l'ère industrielle peut être considéré comme l'un des descendants les plus directs du théâtre Antique. Je m'explique : durant la période grècque et la domination romaine du monde d'environ - 400 JC à + 400 JC, le peuple était très friant de théâtre et de dramaturgie. Des festivals de théâtre étaient organisés à Rome ou à Athènes. D'une manière lointaine ceux-ci pouvaient être comparé à des tournois internationales de football comme en connait aujourd'hui. Le théâtre était LE spectacle populaire par excellence. La foule était parquée sur les énormes gradins des ampithéâtres, très comparables aux stades qui surgirent au début du 20èeme sièle dans les grandes villes européennes.
Mais à 'époque le théâtre n'était pas un specatcle ascéptisé, muet et vide de la plus populaire des ferveurs. La foule vivait littéralement les rôles des acteurs. Quand le héro terrassait 3 de ses adversaires, la foule entrait en délire exactement de la même manière qu'aujourd'hui quand le club local marque un but. Quand le héro était trompé par son rivale qui mentait à son sujet afin de l'éliminer aux yeux de la femme convoitée, alors la foule manifestait et sifflait de la même manière qu'aujourd'hui quand un adversaire se laisse tomber et ne veut plus se relever à 3 minutes de la fin du match quand l'équipe locale est menée d'un but. Le moindre tournant dramaturgique de l'histoire provoquait les réactions les plus vives d'un public en délire total.
A la chute de l'Empire romain, l'Europe sombre dans la période la plus sombre et anarchique de son histoire : le Moyen-Age. Pendant près d'une dizaine de siècles (de env. 500 à 1500 JC), les sociétés européennes seront déchirées par des petites guerres entre petits Seigneurs locaux, déssimées par les maladies et les famines. Les villes sont désorganisées. Il n'y a pas de spectacle populaire digne d'être comparée au football de l'ère industrielle.
A la Renaissance, l'Europe retrouve de la vigueur. Les villes se réorganisent en grands centre culturel et urbains, les conditions de vie s'améliorent sensiblement, les moeurs se recivilisent peu à peu. Dans les grandes villes l'opéra fait son apparition progressive. Car l'opéra - qui aujourd'hui peut paraître à nombre d'entre vous (et je ne peux que vous comprendre) comme la plus barbante et la plus snob des comédies musicales - est bien pendant près de 3 siècles le spectacle le plus populaire (au sens touchant toutes les classes de la société) des spectacles. Là aussi, le public vit au rythme de la musique et de la dramturgie vécue par ses héros.
On aime, on hait, on crie sa joie, son approbation, on encourage le héros à se débarraser de son rivale, on exhulte quand l'amoureuse déclare enfin ses faveurs, on siffle quand le mari cocu et jaloux tente de s'en prendre au héro, on jette des objets sur la scène, on manifeste... bref l'opéra est en quelque sorte le stade de football des 17ème, 18ème et 19ème siècle. Il y a bien sûr les théâtres prestgieux de Milan, Venise ou Vienne, qui à l'époque représentent en quelques sortes la champions league d'aujourd'hui. Ce sont les théâtres où sont jouer les opéras de l'élite. (D'ailleurs l'hymne de la Champion League est un air d'opéra fot célèbre). A côté de ces "stades" de luxe, pour équipe de "riches", il y a les théâtres des villes de pronvinces (Gênes, Napoli, Parme, etc.) et les petits théa^tres des quartiers populaires des grandes villes. Dans ces théâtres ont y joue des opéras plus vulgaires, des farces, des opérettes, les salles sont pleines à craquer d'une foule déchaînée. En Italie, l'opéra reste un art extrêmement populaire. On y va en famille pour y pleurer et pour se sentir vivre.
En voyageant un petit peu on remarquera qu'en Afrique ou en Indes, le cinéma est un peu vécue de la sorte. Contrairement à ici, le public se manifeste et réagit à l'histoire qu'il lui est donné de voir à l'écran. Dans notre société
informationnelle, la tendance est plutôt à l'évennementielle qu'à l'émotionnelle. Au cinéma par exemple, on va voir un film car il FAUT ABSOLUMENT l'avoir vu. On n'y va pas pour réagir et crier. Pour cela il y a les stades de football, dignes héritiers des théâtres de l'Antiquité et de l'opéra des siècles passées. Mais là aussi, les nouvelles tendances de "l'événementiel" commence progressivement à se faire sentir. Les penseurs du football contemporain souhaitent un spectacle événement, où le spectateur viendrait au stade pour l'importance de l'événement que représente un match et non plus par ferveur populaire et pour la simple dramaturgie.
A Sion, cette logique est engagée depuis plusieurs années. J'en veux pour preuve les plaintes répétitives de nombreux supporters que "ça n'est plus comme avant", "l'ambiance baisse", etc. Après le doublé coupe-championnat et les problèmes du club, plus personne ne venait au stade, chose impensable dans les années 60 à 80. Les gens étaient comme gâvées. Aujourd'hui, on a éduqué le public à être exigeant. Les gens sont de retour en grande partie à cause des ambitions mégalomane du président. On veut voir, en faire partie. On veut un nouveau stade, des joueurs stars, la ligue des champions, etc. On veut s'identifier à un événement d'importance international. La simple dramaturgie d'un match local qui suffisait largement au bonheur des foules des années 50-60 pour laisser éclater leur ferveur et leur trop-plein de haine, d'amour, de joie et de peine est aujourd'hui trop peu significative à des générations d'individus nourris dès l'enfance aux exploits du football international orchestré par les experts en marketing de l'UEFA. Et en bons enfants capricieux et gâtés que nous sommes tous un peu, certains veulent tout ça rien que pour eux à Sion... enfin à Martigny.
Je peux le comprendre mais ça me fait c**** d'y adhérer !
